Définition :
- nom : Un aliéniste est un médecin spécialisé dans la pathologie mentale. Ce terme apparait vers 1846 puis est définitivement remplacé depuis 1938 par celui de Psychiatre).
- origine : il est formé sur « aliéné » qui désigne le fou, car celui-ci est autre, étranger (alienus en latin) à lui-même.
La loi :
Note : Ce passage consacré au cadre juridique contient de nombreux extraits de Histoire de la folie – De l’ Antiquité à nos jours de Claude Quétel, 2010. Que l’ auteur en soit remercié.
La loi fondatrice est votée le 14 juin 1838 par la Chambre de Député (avec 2166 voix contre 16)
Le 30 juin 1838, une loi sur les aliénés et promulguée son article 1er annonce « chaque département est tenu d’avoir un établissement public, spécialement destiné à recevoir et soigner les aliénés, ou de traiter, à cet effet, avec un établissement public et privé, soit de ce département, soit d’un autre département » (Al. 1er)
L’ordonnance du 18 décembre 1839 permet à la loi d’entrer en vigueur, en tout cas pour ce qui concerne le statut et le fonctionnement des établissements. « Le traitement de l’aliénation mentale comporte des soins tout particuliers, un régime aussi bien moral que physique, qui exige impérieusement que le médecin puisse ordonner, avec une certaine indépendance toutes les dispositions qu’il juge propres à rendre le malade à la raison. » A cette date toutefois, l’administration centrale connaît mal encore la situation exacte de chaque département. De leur côté, les départements doivent se faire préciser chaque point de la loi, à commencer, et comme toujours, par les questions financières.
Une intense réglementation s’ensuit au cours des années 1840, 1841, 1842, cet énorme réglementation, avec ses 189 articles, ses 15 modèles de tableau et ses explications, article par article, ne laisse rien au hasard et va constituer la bible des asiles d’aliénés : administration, service médical (7 articles, par ex, sur les seules attributions du pharmacien)… Le ministre en fait explicitement le complément de la loi de 1838 : « Consacrée par 18 années d’expérience, cette œuvre est de celles dont l’Administration française peut à bon droit s’honorer et les législations étrangères y ont fait de nombreux emprunts. »
Son article 5 énonce dans la même idée : « les établissements privés consacrés au traitement d’autres maladies ne pourront recevoir les personnes atteintes d’aliénation mentale, à moins qu’elles ne soient placées dans un local entièrement séparé » (Al. 2)
L’article 7 de la loi du 30 juin 1838 prévoyait que les règlements intérieures des établissements d’aliénés devraient être soumis à l’approbation du ministre.
Ainsi s’explique la rédaction d’un modèle publié par arrêté du 20 mars 1857. On peut également y lire que les chefs de ces établissements d’aliénés, dis « asiles », ne peuvent recevoir une personne atteinte d’aliénation mentale que s’il leur est remis une demande d’admission, un certificat de médecin constatant l’état de la personne à placer, et indiquant les particularités de sa maladie et la nécessité de faire traiter la personne désignée dans un établissement d’aliénés, et de l’y tenir renfermée (Art. 8)
On peut d’ors et déjà noter que l’article 13 évoquait un certain « rétablissement » du malade mental puisqu’il énonçait « toute personne placée dans un établissement d’aliénés cessera d’y être retenue aussitôt que les médecins de l’établissement auront déclaré, sur le registre énoncé en article précédent, que la guérison est obtenue. »
Dès la fin du 19ème siècle la psychiatrie prend donc une autre dimension, nombre de théories pour décrire la maladie mentale sont formulées, sur la paranoïa, la démence, la dégénérescence, la névrose, l’hystérie… Dès 1860, on met en place la clinique de la schizophrénie. En effet, c’est l’époque du développement de la psychanalyse. La psychiatrie devient une spécialité médicale et des moyens lui sont données, permettant d’envisager les pathologies auxquelles elle se rapporte sous l’angle de la thérapie, les initiateurs de ce mouvement sont Jean-Martin Charcot et Sigmund Freud. Le premier adepte de l’hypnose pour soigner les crises de démence. Le second s’appuiera sur les travaux du premier pour ses propres travaux sur l’hystérie et le concept de psychogénèse.
Rappelons pour finir que Sigmund Freud donner une place très importante à l’inconscient ainsi qu’ « aux événements traumatiques appartenant à l’histoire précoce du patient. »
Extrait de « L’histoire de la folie » de Claude Quetel .
Lecture et composition de :
Candice G.